Faire des efforts, oui ! Mais... pourquoi toi?
Faire des efforts, oui !
« Faire ses courses en vrac en pensant à amener ses contenants réutilisables, utiliser peu de produits chimiques, consommer localement, manger peu de viande... Ca fait de sacrés efforts, quand même. Je veux bien en faire, mais pas tant que les autres ne s'y mettront pas. »
Le refrain revient souvent, n'est-ce pas ?
Pour faire simple, c'est un sentiment que l'on a tous et toutes déjà eu. J'entre alors dans l'état d'esprit j'envoie-tout-valser. En gros, mon colocataire ne sort plus les poubelles, alors je ne les sors plus non plus. Il ne respecte plus les règles, alors mon esprit revenchard me dit de ne plus les respecter non plus. Je vais limiter mes efforts au strict minimum pour qu'il ne profite pas de moi. En somme, je me cherche une justice intérieurement.
Mais mes efforts servent-ils vraiment ?

Pour y répondre, reprenons le même exemple.
À l'échelle personnelle, je le vois bien. Les poubelles s'accumulent dans la cuisine... C'est vite insupportable pour moi.
À l'échelle du monde extérieur, c'est déjà moins évident. Plus mon environnement s'élargit, et plus ça devient impersonnel. Ça devient plus supportable, car l'espace est moins concentré. Par conséquent, si j'y fais de petits méfaits, j'en perçois moins l'impact négatif. J'ai alors tendance à ressentir moins de mal-être et un peu plus de légitimité à tout envoyer valser.
C'est ce biais de perception, qui est à l'origine de la question.
À cette échelle, j'ai du mal à mesurer l'impact de ma petite existence sur le monde. Je n'arrive pas à réaliser par mes sens que mon impact négatif est significatif, et que mon impact positif l'est tout autant.
Alors quotidiennement, je l'avoue, je me permets d'agir contre la raison, en prétextant que « ça ne fait rien ». Mais chaque fois que je traverse alors que le feu est rouge, je risque d'être vu par un écolier et de lui donner l'idée de m'imiter. Donc faire l'effort de patienter au feu en la présence d'enfants, je trouve cela utile car cela peut préserver d'un effet négatif.
Mais tout le monde n'en fera pas...

C'est certes possible. Probable, même.
Mais laisser la production de sacs plastiques à 999 999, c'est toujours mieux que de la passer à 1 000 000.
Mettons que les foyers français achètent et jètent par semaine 999 999 sacs plastiques, ni plus ni moins.
Si moi aussi, j'en achète 1 en me disant que mon impact aura peu de conséquences, j'augmente quand même de 1 le nombre de sacs plastiques que mon commerçant se fera réapprivisionner par un industriel en pétrochimie, qui lors de la production, augmentera de 1 point la concentration de l'air en CO2 et autres gaz à pouvoir réchauffant. J'augmente aussi de 1 le nombre de sacs pouvant se perdre dans les espaces naturels et pouvant étouffer un animal terrestre ou marin. Entre autres.
Or, il se trouve que j'ai fait l'effort bénin de prendre une habitude simple : apporter mes sacs réutilisables.
Et depuis, chaque semaine : 1 sac de moins manque d'être réapprovisionné par mon commerçant via ce fameux industriel en pétrochimie qui aurait augmenté de 1 point la concentration de l'air en CO2 et autres gaz à pouvoir réchauffant, 1 sac de moins manque de se perdre dans les espaces naturels, et 1 sac de moins manque de nuire à la vie d'un animal. Et pas que ! ; )
Alors, pourquoi toi ?

À cette question, je réponds 3 choses : on le fait pour soi et les autres, on le fait pour des raisons morales, et on le fait parce que chaque action a son importance.
Premièrement, le système Terre est un lieu globalement fermé.
Dans la dernière version de son titre " Auto-dance ", Disiz dit : « Cracher au ciel, c'est se cracher au visage », et il ne s'agit pas de karma. Rien ne s'échappe d'ici-bas, et quand on y transforme de la matière en un composé chimique nocif, celui-ci y reste.
Alors s'agissant par exemple de la toxicité de l'air, je préfère respirer et donner à respirer à mes proches un air dont la concentration en CO2 s'élève à 420,00000 ppm (parties par million en concentration de CO2 dans l'air), plutôt qu'un air dont la concentration s'élève à 420,00001 ppm.
Faire des efforts, c'est réduire sa contribution à la pollution de l'air, de l'eau, des sols, et limiter la fonte de glace et la montée des eaux.
Deuxièmement, les petits ruisseaux font les grandes rivières.
À ce propos, je cite Edmond Burke : « La seule chose qui permet au mal de triompher est l'inaction des hommes de bien ». Grâce à cette phrase, j'ai davantage réalisé l'ampleur d'un phénomène assez évident : c'est en laissant passer les petits maux, que ces derniers finissent par former un grand mal.
Les humains sont tous auteurs de petits péchés quotidiens, activement et passivement. La personne qui laisse une injustice s'exercer sur lui, par son inaction, autorise le système à continuer de l'exercer sur ses pairs.
Faire des efforts, c'est ne pas laisser se renforcer les chaînes d'un système qui abîme les conditions de vie terrestre, et à le corriger.
Troisièmement, ton action a un réel impact sur le monde.
Lorsque tu achètes des produits non emballés (en vrac), recours à moins de produits chimiques, cherches des alternatives à tes produits jetables, consommes localement et moins de viande. Tu as un véritable impact.
Cela t'évite de disperser des matières nocives et préserve à l'année la pureté de quelques centilitres d'eau et d'air, de plusieurs grammes de terre, ainsi que la vie de nombreux animaux : )
Faire des efforts, c'est ne pas augmenter de 1 point les effets de pénurie en ressources, les effets de pollution des espaces naturels, les effets relatifs aux changements climatiques ainsi que les effets qui causent le déclin des écosystèmes.